Le secteur de l’élevage en Afrique de l’Ouest est à un
tournant. Diversification des systèmes alimentaires et
croissance de la population se joignent pour doper la demande en produits animaux. Des mutations qui questionnent
la capacité des systèmes d’élevage locaux et des filières à
s’adapter à une demande exigeante.
Depuis 50 ans, l’essor des villes
africaines a induit une transformation profonde du modèle
alimentaire. Comme dans les autres
pays en développement, le secteur de
l’élevage a été particulièrement touché
par ces recompositions : les viandes et
les produits laitiers sont en effet parmi
les produits alimentaires dont la consommation augmente le plus rapidement avec le niveau de vie. Le développement urbain a ainsi induit une
demande nouvelle en produits laitiers
et carnés. Les commerces des grandes
villes présentent aujourd’hui une multitude de nouveaux produits comme les
sachets de poudre de lait, les yaourts,
les laits fermentés, les fromages, ou les
découpes de volaille, générant d’importants débouchés pour l’élevage et
l’industrie agro-alimentaire. Dans la
restauration hors foyer, ces mutations
s’illustrent par l’essor des bars laitiers,
des dibiteries, des restaurants ou des
cantines.
« L’élevage ferait compétition à l’accès humain aux calories végétales ». Les produits animaux représentent un tiers des
protéines consommées dans le monde et
apportent des nutriments indispensables
(acides aminés essentiels, minéraux, vitamine A). Le petit élevage est fondamental
pour la sécurité alimentaire des familles
paysannes (autoconsommation, revenus
permettant l’achat de céréales) et son alimentation permet de valoriser les restes
ménagers et résidus de récolte. Enfin, ¹⁄
des terres mondiales sont trop pauvres
pour des productions végétales mais leur
exploitation par l’élevage permet la survie
de populations démunies.
« L’élevage de ruminants serait la principale source d’émissions de gaz à effet de
serre ». L’élevage se situe en troisième position après l’industrie et les transports,
avec une production de de ces gaz,
essentiellement dans les élevages intensifs des pays développés et émergents. Par
ailleurs, l’élevage permet de réduire l’utilisation d’engrais chimiques et constitue,
pour les plus pauvres, une alternative durable à une mécanisation motorisée consommatrice d’énergies fossiles.
« L’élevage de ruminants serait responsable
de surpâturage ». La concentration des
animaux dans les lieux de regroupement
peut générer localement un surpâturage,
mais l’élevage mobile constitue le mode
de gestion le plus durable de parcours à
faible capacité de charge. La transhumance
est même bénéfique pour les écosystèmes
variés qu’elle fertilise et dont elle dissémine
les graines ; elle permet des transferts saisonniers de charge.
« L’élevage pastoral sahélien serait un élevage de contemplation ou à l’inverse un
mode de capitalisation au bénéfice d’une
minorité ». Le cheptel sahélien constitue
certes une forme de capitalisation, mais
la majeure partie du cheptel fait vivre les
populations pastorales. Il répond largement
à la demande locale et sous-régionale en
viande, de manière compétitive.